Ghizlaine Badri Lahlou

Ghizlaine Badri Lahlou

Le portrait onirique de Ghizlaine Badri Lahlou

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Tout s’est précipité : des discussions inutiles, poser deux semaines de vacances dans l’agenda de la boîte, ne pas savoir où partir, qui sait, peut-être rester chez soi, en discuter avec son amie qui lui propose des destinations banales et lui dire, comme ça à brûle-pourpoint : je pars à Jérusalem . Ghizlaine Badri Lahlou ne sait pas qu’elle est déjà dans le rêve. Que tout cela n’a rien à voir avec la réalité. Lorsqu’elle dit je pars à Jérusalem cela signifie qu’elle s’empresse de se rendre dans une agence de voyage et qu’elle demande un vol pour Tel-Aviv pour le lendemain et qu’elle part. Sans raison. Une illumination ? Quand tout se précipite, c’est que tout s’accorde. Dans le rêve toujours, elle sort de l’agence du grand boulevard et observe des milliers de vélos, comme dans un tableau de Dali, une symphonie qu’elle imagine, un morceau de Queen et de Freddie Mercury. Pourquoi ne pas aller à Tel-Aviv à vélo , se dit-elle. La question est pertinente même si elle ne connaît personne là-bas. Elle se réveille. Le soleil frappe à n’en plus finir. Suis-je dans un autre rêve ? se demande-t-elle. La plage au sable fin, au loin la mer, l’horizon, des fantômes qui flottent dans l’air, des poissons volants, des fantômes de millénaires passés. Tout est flou, elle s’endort et se retrouve en garde à vue à l’aéroport David Ben Gourion, mille questions, cinq heures d’emprisonnement, noms des parents, grands-parents, arrière-grands-parents, des ex, des villes visitées, pourquoi New York ? Pourquoi Mapuetos ? Elle s’étonne, la policière lui montre le cachet sur son passeport français, le tampon de Mapuetos. Ghizlaine Badri Lahlou dit : je ne connais pas Mapuetos ! Je ne suis jamais allé là-bas ! Je ne sais même pas où c’est ! Elle se réveille à nouveau sur la plage paradisiaque, elle entend des cris et des bombardements, le ciel devient rouge, des gouttes de sang tombent sur la plage blanche, les poissons volants meurent et restent figés au-dessus de l’eau, une oeuvre que j’aurais pu peindre si j’en étais seulement capable. Elle se retourne et me voit enfin : qui êtes-vous ? , me dit-elle. On en parlera dans l’autre rêve, lui dis-je. Je me retourne et j’observe difficilement la façade d’un petit hôtel qui arbore des drapeaux du Brésil, de l’Inde, des Etats-Unis, de Chine, de France… mais aucun drapeau des pays voisins, ni celui de Mapuetos. Elle ferme les yeux, une femme lui demande sa religion, elle dit : de père catholique, de mère musulmane et de marraine juive, je pratique à la carte. Des oiseaux noirs survolent Jérusalem. Ils font beaucoup de bruit pour rien. Les ruelles sont longues et étroites comme si la ville était gigantesque, une centaine d’hommes barbus tous habillés en blanc, tous avec une barbe blanche magnifique, tous ont le regard bleu profond. Ils avancent ensemble au rythme d’un cœur invisible. Ils ne disent rien, ils veulent juste ramener la paix. Elle se dit : pourquoi suis-je venue ici à Jérusalem ?”

Je lui prends la main et lui parle dans l’oreille : je m’appelle Patrick Lowie, je vous trouve bien pâle. Est-ce le manque de sommeil ou l’aventure qui vous rend si pâlotte ? Je ne sais pas qui vous êtes exactement mais votre regard m’a intrigué. J’étais dans l’agence de voyage, je vous ai entendu réserver un billet et j’ai pris le même. J’étais juste derrière vous dans l’avion. J’apparais dans votre rêve pour vous prévenir que ce voyage n’est rien. Que votre chemin est ailleurs, vers d’autres tranchées. Vous allez rencontrer l’amour de votre vie, fiançailles, mariage, fortune. Vous entrez dans un autre univers, la révolution a déjà commencé, tout va fleurir mais pas ici. Vous allez découvrir une nouvelle ville qui va vous embrasser. Vous allez tomber sous le charme d’un être étonnant qui va embellir votre quotidien. Je vous le dis dans l’oreille car il ne faut pas crier cela sur tous les toits des trois religions. Ici, malheureusement, il n’y aura jamais la paix. Rentrez chez vous, déposez six étoiles de mer devant votre porte, peignez un pan de mur de votre appartement en couleur or et chantez six jours de suite à minuit une chanson qui vous tient à cœur. Un être va frapper à la porte le septième jour. 

Elle frissonne à mes paroles, ses yeux s'écarquillent légèrement. Je sens sa main trembler dans la mienne. Un silence s'installe, lourd de sens et de mystère. Puis, d'une voix à peine audible, elle murmure : Comment savez-vous tout cela ? Qui êtes-vous vraiment, Patrick Lowie ? Je souris énigmatiquement, lâche doucement sa main et recule d'un pas. Je ne suis qu'un messager , dis-je en m'évanouissant progressivement dans l'air du rêve, laissant derrière moi une femme bouleversée, au bord d'un choix qui pourrait changer le cours de sa vie.


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Bio

Après une riche carrière de plus de vingt ans dans les domaines du journalisme et de la communication stratégique, Ghizlaine Badri Lahlou a décidé de suivre sa passion pour l'art contemporain et africain en poursuivant une formation à la prestigieuse École du Louvre à Paris. Aujourd'hui, elle aime mettre en lumière les plus grands talents artistiques marocains et africains. Grâce à ses collaborations avec les galeries les plus réputées de Paris, son travail rayonne bien au-delà des frontières. Citoyenne du monde, Ghizlaine partage son temps entre Paris et Casablanca, villes emblématiques qu'elle affectionne particulièrement. Franco-italo-marocaine, elle a également vécu à New York, berceau de la culture underground, et parcouru les cinq continents au gré de ses multiples voyages enrichissants. Forte d'une solide formation avec deux masters, l'un en journalisme de l'École Supérieure de Journalisme de Paris et l'autre en marketing stratégique et communication d'entreprise de l'Université Montesquieu Bordeaux IV, Ghizlaine a collaboré avec de nombreux médias prestigieux au Maroc et en France. Elle a notamment été correspondante au Maroc pour l'hebdomadaire Le Point, pour Forbes Afrique, et a écrit pour L'Express, Le Figaro, Les Échos, Paris Match, Jeune Afrique, L'Économiste et Économie & Entreprise.

Précisions d’usage 
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com

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