Gwénnaëlle La Rosa

Gwénnaëlle La Rosa

Le portrait onirique de Gwénnaëlle La Rosa

Partager

Ces journées iréelles où tu vas déjeuner avec des amis, puis tu entres chez un concessionnaire de voitures Ferrari et tu demandes le prix de la rouge en vitrine mais juste avant d'entrer un pigeon te vise de sa fiente et il te rate de quelques centimètres, tu ressors dépité non par le prix mais de savoir que ce sont des occasions (quelle idée d'acheter une Ferrari en occasion, bande de loosers !), tu vas miser quelques billets sur ton club préféré, puis tu te demandes quand as-tu bu du chocolat au lit ? Plus tard, tu traverses une route très fréquentée, bien droit dans les passages piétons. Le feu est vert pour toi, le décompte au milieu de la chaussée est à 15, il te reste donc 15 secondes pour arriver jusqu'au trottoir. Une grosse voiture, dépasse tout le monde et te renverse. Une deuxième voiture dans l'autre sens, pressée apparemment, double toutes les autres voitures et t'écrase une deuxième fois (ce n'était pourtant pas nécessaire). Tu perds connaissance pendant quelques secondes. L'heure rouge. Durant ces secondes-là, tu ne vois pas la mort, ni un résumé de ta vie au ralenti, rien. Tu ne vois rien. Tu entends des cris, des ambulances, mais personne ne te prends en charge. Invisible. En te levant, tu te rends compte que tu es vivant et que les automobilistes imprudents sont tous morts. Vengeance onirique ?

J'attends que le feu soit à nouveau à 15 pour reprendre ma traversée. J'avance sans me retourner, laissant les corps sans vie sur le bitume. J'arrive au bord de mer. Je marche dans le sable pour rejoindre le repère des sorcières. Le soleil se couche, mes yeux deviennent oranges. À l'entrée de la grotte, une vieille dame me dit bonjour puis que Dieu te protège avec un sourire d'envie. Elle sait qui je suis, aimerait me le dire, mais je marche trop vite. Je m'assieds au coeur de la grotte bien nommée : un monde sans fin . Assis, les jambes croisées, je lève les yeux, mes ailes poussent enfin et je vole avec la facilité des initiés. Avant de rejoindre le fils de la mer qui doit, lui aussi, se faire pousser des ailes, je survole la ville puis me pose sur le bord d'une fenêtre en forme de citron. La rue est calme, c'est l'heure bleue. L'heure peinte par Magritte. L’ambiance au dehors est calme, une femme marche. Je la reconnais : c'est Gwénnaëlle La Rosa. Je l'entends penser : je ne crois pas avoir déjà mis les pieds ici pourtant ce n'est pas la première fois que je vois ces façades. Ce décor ne m’est pas totalement étranger… Des trottoirs et des palissades donnant sur des jardins. Des lampadaires timides et chaleureux. Le silence et le calme en fond. Elle continue à penser : la nuit m’angoisse en général, j’ai peur de la sensation que j’éprouve, comme si j’étais en danger mais là, rien, l’angoisse est présente et au moindre bruit, elle me fait m’arrêter et tendre l’oreille…mais rien. Personne aux alentours ni à droite ni à gauche, elle ne m'a pas vu. Elle arrive au bout de la rue, c’est une voie sans issue arrondie, décorée d’arbres et de lampadaires et de palissades, le tout dans une pénombre bleue…Et là, elle regarde en l’air et se dit : j’ai comme une montée d’adrénaline, une idée…Et si j’allais voir plus haut, en haut, de haut ? Juste pousser sur les jambes… Elle y arrive. Et l’exercice d’un moment sera d’essayer de rester en l’air, d’apprendre à voler, les sensations sont folles, fortes, excitantes …. et quand enfin elle y parvient, elle fait un tour en regardant le quartier, elle ne me voit pas, puis va vers l’horizon … partie.

Peu de temps après, quelqu'un tapote sur mon épaule : alors, Patrick Lowie, on m'espionne ? Je tombe et m'écrase au sol. Je me réveille, l'ambulancier me dit que je n'ai rien. Pas même une ecchymose. Pas un bleu. Que je suis un miraculé. Derrière lui, la vieille dame du monde sans fin me fait un clin d’œil. Je vais enfin pouvoir imposer une décision.


Publications & anecdotes

Ce portrait a été publié dans le livre Le totem d'Imyriacht (2023) aux éditions maelstrÖm. 

Cliquez sur la couverture du livre pour plus d'informations.


Bio

Comédienne de formation, animatrice et touche à tout dans le domaine des arts, elle fait de le l’art pour les tout-petits sa spécialité depuis plus de 10 ans grâce au Théâtre de la Guimbarde qu’elle intègre en 2007 et pour lequel elle tourne et crée des spectacles. Elle cherche par l’acte créatif comme la mise en scène, l’animation d’ateliers, la création de module, par le biais d’évènements à communiquer, créer des liens, éveiller les sens et l’imaginaire des êtres qui croisent sa route… Avec son éternelle âme d'enfant, elle transforme sa vie en une œuvre d'art en perpétuelle évolution et transformation….

Précisions d’usage 
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com

Share by: