Jean-François Jacobs est l'auteur du livre L'histoire vraie de mohammEd (2024, Ed. Edern) - en cliquant sur la couverture du livre vous pouvez immédiatement le commander.
Un jeune homme est face au volcan l’Imyriacht, un carnet dans les mains, il écrit. Il écrit un poème, un peu enfantin, un peu irréel : Le géant s'éveille (titre) Dans le silence de la nuit de mardi / Le colosse de pierre s'est mis à gronder / Son cratère béant, soudain enhardi / Crache des fleuves de feu embrasé. / La terre tremble, le sol oscille / Tandis que les vigies s'affairent / Scrutant chaque secousse, chaque brindille / Pour prévenir du danger qui s'éclaire./ Dans un ballet de feu et de fureur / Bombes et scories s'élancent vers les cieux / Cent mètres de hauteur, spectacle de terreur / Que les savants observent, sérieux. Nous sommes, éternellement, dans un rêve, sans doute sublimé, raconté pour en extraire le meilleur. Ça demande du travail : on extrait les rêves comme on extrait l’huile des olives : force et détermination. Le jeune homme plonge dans l’Imyriacht qui érupte/éructe.
J’ouvre les yeux, Madredeus en fond musical d’une vie brûlante, d’un cauchemar à répétition, les pieds en feu. Il n’y a pas de volcan à Grâce-Hollogne, en Belgique, il n’y a rien ici, des rues qui ne mènent nulle part, des cieux plombés par la grisaille, un lieu cul-de-sac, la terre n’y tremble même plus. Je passe devant le lycée René Leruth, je rejoins la rue Champs-Pillé. Ça monte fort, surtout les derniers mètres, à hauteur du numéro 86, chez lui. L’écrivain Jean-François Jacobs m’accompagne, me guide dans ces rues qu’il connaît si bien. Le rêve est perturbant, le disque est rayé, j’ai du mal à monter la rue, j’ai dû mal avec toutes ces incertitudes, ces cris aux armes !, la commune est vide, morte, mais les voix s’élèvent. Je vous avais prévenu, Patrick Lowie, il s’agit d’un rêve inutile, il ne reste plus rien de nos rêves d’enfants. Pourtant, je lui dis que j’adore le parfum de cette terre, j’arrache des mauvaises herbes et je répète : c’est toujours ça de pris, c’est toujours ça de pris. Jean-François Jacobs s’approche , me sourit et me lance : ceci n’est pas mon rêve, vous le savez que ce n’est pas mon rêve . Mon rêve est tourmenté. Dans mon rêve, il fait beau, c’est bientôt l’été, l’air est rempli de graminées. Je rentre de l’école à pied et ma mallette me pèse sur les épaules car elle déborde de livres et de cahiers. La route est pentue et rien que l’idée de la monter m’épuise déjà. Soudain, un des livres tombe du cartable et se met (bien que ce soit physiquement impossible) à dévaler la rue. Je cours après et arrive enfin à la rattraper, mais ce qui a été fait dans un sens, doit être refait dans l’autre, je dois recommencer mon ascension. Je respire difficilement, j’ai le rhume des foins, un peu d’asthme. Mon sac me parait de plus en plus lourd et après quelques dizaines de mètres, l’histoire se répète. Un livre choit sur le trottoir et m’oblige à courir après pour éviter qu’il ne dégringole jusqu’en bas de la rue. Et ça recommence, sans cesse, jusqu’à ce que je me réveille, dans mon lit, dans ma chambre, chez moi, là-bas, en haut de la rue.
J’arrête la marche : j’ai vu un livre en bas de la route, c’est celui-là ? Pourquoi ne l’avez-vous pas pris, vous auriez pu me le montrer, n’est-ce pas ? Avez-vous peur de moi ? Méfiant ? Je vais le chercher. Jean-François Jacobs me bloque le passage, son regard est définitif, il ne me laissera jamais prendre ce livre. Je lui raconte l’autre rêve, ce jeune homme qui a écrit des vers face au volcan. Ça le perturbe. Des chiens errants se battent, des hirondelles décident de quitter le coin, des enfants entonnent un hymne militaire. Mes yeux s’ouvrent encore. Le jeune homme ferme son carnet, l’âme plongée dans l'Imyriacht qui gronde et gronde encore, comme un professeur d’école qui cogne les élèves et les murs. Le volcan, comme un miroir de son âme tourmentée, reflète ses propres tumultes intérieurs. Il se lève, poussière et cendres s'accrochant à ses vêtements, et commence à descendre un des quatre sentiers escarpés. À chaque pas, le paysage se métamorphose de laideur puis en beauté. Les coulées de lave se transforment en rues grises et monotones. Le ciel embrasé laisse place à une chape de plomb grisâtre. Le jeune homme devient l'écrivain dans ce décor étrange, digne d’un film de Fritz Lang.
Les rêves s'entrechoquent, se superposent. Le livre dégringolant la pente se mêle au souvenir du carnet de poésie face au volcan. La sueur et l'essoufflement de la montée se confondent avec la chaleur et la fumée de l'éruption. Les voix s'élèvent, fantômes d'un passé ou échos d'un futur incertain. Alors que Jean-François Jacobs me bloque le passage, son regard inflexible, je sens le poids de tous ces rêves imbriqués. Les chiens errants et les hirondelles en fuite ajoutent à la cacophonie de ce moment suspendu dans le vide. Le volcan, Grâce-Hollogne, les livres perdus et retrouvés, tout se fond en une seule expérience onirique, me laissant sur le seuil d'une révélation qui semble pourtant toujours hors de portée.
Ne perdez plus votre temps, le passé est passé, lui dis-je. Tout le monde sait que vous êtes écrivain depuis toujours, ils ont juste peur que vous leur échappiez… il n’est jamais trop tard. Les nuages menaçants ne menacent plus, le soleil arrose les prés, les paysages deviennent beaux, d’une beauté surprenante. Ne rêvez plus de ce livre, vous allez en écrire beaucoup d’autres.
Avec un mois d’avance sur l’horaire le plus optimiste, je suis né le 14 septembre 1974, je fais du théâtre depuis que j’ai douze ans (première expérience professionnelle à l’opéra royal de Wallonie) et après des humanités musicales (français parlé) et des études au conservatoire de Bruxelles (art dramatique et déclamation), je n’ai jamais cessé d’essayer de faire croire (aux autres et à moi) que c’était mon travail. Depuis près de trente ans donc et surtout comme auteur et metteur en scène, mais aussi quelques fois ou suivant les périodes, comme comédien, marionnettiste, poète, acteur dans le monde associatif, vidéaste, polémiste sur Facebook et graphiste depuis que Canva existe. J’ai derrière moi une quinzaine de mise en scènes (voir la liste sur mon site www.lesterriblesenfants.com), uniquement des créations. J’ai pour règle de ne jamais monter un texte qui a déjà existé sur scène. Je pars soit d’une feuille blanche et d’un problème de société ou j’adapte un roman, un philosophe. J’aime la vulgarisation. Si je devais me définir, je dirais que je crois être un artiste (j’ai le statut, j’en suis donc un) conceptuel facile à comprendre. Mon but est de communiquer, pas de réaliser une œuvre d’art. Mon public cible est celui qui n’aime pas le théâtre ou la lecture. Je ne suis pas un metteur en scène engagé, je suis quelqu’un d’engagé qui utilise la mise en scène, l’écriture, comme des outils pour communiquer. Je donne aussi des cours de badminton. Il parait que ce sera le sport « tendance » en 2025. N’hésitez pas à me contacter pour connaitre mes tarifs.
sc lowie ie - Yenaky
Chaussée d'Alsemberg 264
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