Claudine Jeanrenaud

Claudine Jeanrenaud

Le portrait onirique de Claudine Jeanrenaud

Partager

Mark Twain a écrit que les rides devraient simplement être l’empreinte des sourires. Dans le miroir, je ne vois ni mes rides ni mes sourires. Je suis dans un rêve. Des chiens, deux magnifiques lévriers italiens, entrent dans ma chambre d’hôtel. La beauté de ces chiens m'émerveille. Je suis à Quito, capitale de l'Équateur, dans une chambre du NH Collection Quito Royal. Je ne me pose pas de questions, je sais que je ne pourrai pas payer l’hébergement. Je regarde par la fenêtre, la vue sur Quito est très belle. Je me rends compte que ces chiens m’appartiennent. Un des deux est très âgé, je lui parle et il me répond. Il est tard mais je veux sortir, me promener avec eux. Je ne suis qu’à trois kilomètres du centre. En descendant, un jeune homme à la réception me dit qu’une dame m’attend dans le hall. J’observe toutes les clés accrochées, cet hôtel est vide. Il est probable que je sois l’unique client. Je me dirige vers le hall et je découvre une belle femme qui se présente immédiatement, elle me dit : mon nom est Claudine Jeanrenaud, j’ai appris que vous étiez arrivés en ville, je ne sais pas qui vous a parlé de cet hôtel, il existe des lieux plus authentiques et imprégnés au centre. Ce sont vos chiens ? Je lui réponds que non, il arrive que dans les rêves on s’invente des histoires avec des éléments de la vie qui nous manquent. Je lui explique que je rêve d’avoir un lévrier italien dans la vraie vie et il m’accompagne dans ma vie onirique. Ce n’est pas plus mal, ça me donne plus de libertés. Claudine Jeanrenaud me dit qu’elle vient de fêter ses quatre-vingt-trois ans. Elle ne les fait pas, je sens son karma, son dynamisme, ses petites lueurs intérieures, elle en a quarante de moins. Nous sortons de l’hôtel, à la recherche d’un peu de fraîcheur. Tout est trop chaud ici, je sens des énergies néfastes, des horreurs, j’imagine des salles de tortures, du sang, toute l’histoire du pays, jusqu’à aujourd’hui, me secoue, toutes les violences parcourent mon corps, devenu pourtant coriace, insensible parfois. Elle me dit : allons dans cette direction, il y a de beaux arbres. Elle a raison, je vois de beaux arbres, des arbres qui ont beaucoup pleuré, les arbres ont une âme aussi, les arbres sont sensibles et n’oublient rien. Elle me regarde et poursuit : l'arbre a-t-il ressenti quelque chose ? Est-ce qu'il ressent quelque chose maintenant ? Claudine Jeanrenaud me prend par la main, comme deux vieilles âmes, deux chamanes, deux intercesseurs entre les humains et les esprits, une rencontre paradoxale et inattendue. Nous sommes dans la rue, une rue vide comme si la ville était morte, comme si nous étions les seuls vivants. La population souffre d'épuisement cardiaque dû à la chaleur sèche et suffocante. Claudine Jeanrenaud porte une tablette à l'écran blanc qui souffle une brise fraîche et humide. Les chiens nous ont abandonnés. Je ne sais pas trop, je pense que nous sommes nus, en tous les cas, j’ai la sensation d’être nu ce qui me gène énormément. Je suis pudique, mon corps n’existe pas. Elle veut monter dans l’arbre. Elle me dit :  si l'arbre est rafraîchi, il rafraîchit tout son environnement . Elle grimpe à l'arbre, la tablette dans la main gauche, et s'assoit sur une branche basse, lorsque deux hommes habillés, d'âge moyen, courent vers l’arbre, exigeant qu’elle descende immédiatement. D’où viennent-ils ? Qui sont-ils ? La police des arbres ? La police des mœurs ? Elle monte plus haut, elle étreint les branches les plus élevées pour se sentir en sécurité, car elles sont rugueuses contre sa peau nue. Je monte dans l’arbre aussi. J’entends des grondements au loin. C'est alors que Paulina apparaît, se tenant tranquillement sous l'arbre. Elle fait un clin d'œil à Claudine. Qui lui sourit en retour et, encouragée, elle grimpe plus haut. Les hommes sont furieux, ils essaient de les suivre, mais ils abandonnent à mi-chemin du tronc. Je deviens l’arbre. 

Claudine et Paulina, perchées, observent les hommes furieux s'éloigner. Un silence apaisant s'installe. Soudain, Claudine prend la parole, elle me parle : Vous savez, les rides ne sont pas seulement l'empreinte des sourires, mais aussi le reflet de toutes les histoires que nous avons vécues. Chaque ride est un chapitre, une leçon apprise, une expérience qui nous a façonnés. Regardez autour de vous , poursuit-elle, chaque arbre a son histoire écrite sur son écorce. Chaque branche, chaque feuille est unique, comme nous. Nos rides sont notre signature, notre identité. Je médite sur ses paroles, laissant les mots imprégner mon esprit. Claudine, en grimpant plus haut, était devenue une métaphore de la liberté et de l'authenticité, ses mots m’inspirent à transcender mes propres limitations. Confluence de destinées. Nouvelle énergie, me permettant de me reconnecter à mes désirs et à mes rêves, tout en m'obligeant à explorer des dimensions plus profondes de mon être. Paulina attire les oiseaux. On entend au loin une femme chanter : De esta tierra ya me voy / Je quitte cette terre / de esta tierra ya me voy / Je quitte cette terre / a esta tierra he de volver / Je retourne sur cette terre / ay amor, ay dolor / Oh amour, oh chagrin, oh douleur / a esta tierra he de volver / Je dois retourner sur cette terre

Je me réveille lentement d’une nuit agitée, d’un voyage long et magnifique. Je reçois via whatsapp un message vocal de Claudine Jeanrenaud qui me dit : je suis maintenant assise assez haut, entourée de grosses branches griffues, des branches qui commencent à s'enrouler autour de mon corps, m'aimant comme si j'étais leur enfant. Je lève les bras pour toucher d'autres branches, qui me répondent tendrement. J'ai tellement faim de leur acceptation et de leur amour, comme un bébé pour sa mère, que je me rapproche béatement, me resserre, me fondant dans la branche principale en position fœtale, et je disparais finalement dans la plus grosse branche. Les particules qui constituaient ma séparation se sont maintenant répandues dans cet être puissant. Une vibration féroce anime l'ensemble de mon Moi et je me réveille. La force vitale de l'arbre persiste pendant un certain temps, presque au-delà de ma tolérance.  

Je me dis qu’il me reste encore de belles et longues années pour vivre de nombreux voyages oniriques.


Publications & anecdotes

Nous n'avons rien à vous proposer pour l'instant.


Bio

Claudine Jeanrenaud naquit au milieu du jour le plus court de l’année 1941, a Lausanne, en pleine Deuxième Guerre Mondiale. De langue maternelle allemande, et paternelle française, passe sa vie adulte an Amérique du nord, puis du sud. A 82 ans, en Ecuador, elle poursuit sa mission d’accompagner le développement psycho-spirituel de ses étudiants.

Précisions d’usage 
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com

Share by: