Naoki Seraf

Naoki Seraf

Le portrait onirique de Naoki Seraf

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Dans le film Uccellacci e uccellini (Des oiseaux, petits et gros) de Pier Paolo Pasolini, le corbeau dit : Le voyage commence et le voyage est déjà terminé. Dans le rêve, l’obscurité est totale, je sens une présence sans trop savoir s’il y a vraiment quelqu’un. Puis, une voix me dit : vous pensez que c’est la même chose avec les rêves, Patrick Lowie ? Cette totale obscurité n’a rien de lugubre, je me sens même en sécurité, une main glacée tente de me prendre la main. Mes doigts refusent, compliquent, empêchent. Je réponds calmement : nos rêves ne sont que le reflet de nos désirs. Des lumières de néon, lumières bleues créent des formes, des ombres, des regards incertains. L’homme a mes côtés me dit : vous parlez de corbeau sans savoir que c’est mon animal totem ? Comment faites-vous ? Mon nom est Naoki Seraf. Je lui explique qu’il suffit pour moi d’observer le monde pour comprendre et que parfois je comprends trop bien. Surtout lorsque je dois saisir la beauté. Nous sommes dans une forêt brumeuse. Tout est ésotérique dans ce rêve. Les ombres sont multiples : un homme, une femme, des Caraïbes, des Jésuites, un monstre, des hommes qui fument la pipe, calumet. Je m’approche d’un de ces Caraïbes, ils détiennent des talents d’interprétation des songes, ils sont plus puissants que les chefs de guerre. On s’échange quelques rêves. Je me retourne et j’observe Naoki Seraf, nu, les cheveux recouvrent presque tout le corps, ses cheveux touchent le sol, ses pieds. Le silence s'installe, lourd et palpable. Les arbres semblent se rapprocher, leurs branches entrelacées formant un dôme au-dessus de nos têtes. L'air devient plus épais, chargé de mystère et d'une étrange électricité. Je sens que nous sommes à la croisée des mondes, entre réalité et imaginaire, présent et passé. Les visages des Caraïbes et des Jésuites se fondent dans l'écorce des arbres, leurs yeux brillant comme des lucioles dans la pénombre. Le temps semble suspendu, figé dans cet instant de révélation imminente. Je lui dis : Je connais la suite du rêve, je connais la fin aussi . Avant de partir, j'aimerais vous parler de Mapuetos. J'ai rêvé de cet endroit en septembre 2012. Il faisait sombre aussi, comme maintenant. Naoki Seraf me fixe intensément, ses yeux reflétant la lueur bleutée des néons qui persistent dans cette forêt onirique. Il hoche lentement la tête, m'invitant à continuer. Je prends une profonde inspiration, sentant l'odeur humide de la terre et des feuilles mortes.

Mapuetos , je commence, ma voix à peine plus forte qu'un murmure, c'est un lieu où les rêves et la réalité s'entrechoquent. Dans mon rêve de 2012, j'ai vu une cité ancienne, perdue dans une jungle dense. Les bâtiments semblaient vivants, pulsant au rythme d'un cœur invisible. Les habitants... ils avaient la capacité de voyager entre les mondes par le simple pouvoir de leur esprit. Je m'arrête un instant, cherchant mes mots. Les ombres autour de nous semblent s'animer, comme si elles écoutaient attentivement mon récit. Mais ce n'est pas tout , je reprends. À Mapuetos, le temps n'existe pas comme nous le connaissons. Passé, présent et futur se mélangent dans un tourbillon constant. J'ai vu des prophéties se réaliser et des souvenirs se créer simultanément. C'était... c'était à la fois terrifiant et magnifique.

Naoki Seraf tend la main vers moi, ses longs cheveux ondulant comme des vagues sombres autour de son corps nu. Et maintenant , dit-il d'une voix grave et profonde, vous pensez que nous sommes à la frontière de Mapuetos ? Je sens une étrange sensation monter en moi, un mélange de peur et d'excitation. Les contours de la forêt commencent à se brouiller, comme si la réalité elle-même hésitait. Je réponds doucement : oui, juste là, derrière les premiers buissons. La première image qui apparaîtra, sera celle d’une cérémonie de cannibalisme, avec le dépeçage, l'équarrissage, l’éviscération et la cuisson de votre propre corps. C’est l’image la plus horrible et la plus absurde de l’Homme. Continuez votre route, vous verrez encore des horreurs humaines pendant une heure ou deux. Vous arriverez enfin à Mapuetos. Contournez toujours le volcan Imyriacht par la gauche. Vous devrez couper vos cheveux et les offrir au volcan. Traversez les champs de tournesol, et vous serez en bonne compagnie : un meurtre de corbeaux. 

Il me dit : c’est quoi un meurtre de corbeaux ? Je lui explique que c’est un clan, une dizaine de corbeaux qui vivent ensemble et gèrent le territoire. Il me salue, vous ne m’accompagnez pas ?, ajoute-t-il. Je baisse les yeux. Je m’habitue à l’obscurité, je vois son visage, ses traits, son regard malin, sa tendresse, en d’autres temps, je l’aurais accompagné. Il se met à déambuler comme s’il cherchait quelque chose. Le craillement des corbeaux annonce le début de la traversée pour lui. Une douleur au niveau du cœur l’empêche de respirer, il s’effondre. Les corbeaux se jettent sur lui. J’observe sa transformation :  d’immenses ailes aux plumage noir croissais sur son dos, ses pieds deviennent des pattes, des griffes, il devient mi-humain mi-corbeau. Hybride. Moi aussi je me transforme en guerrier, jeune, à l’allure spartiate. Suis-je devenu Homoioi ? La métamorphose de Naoki Seraf et la mienne se déroulent simultanément, comme si nous étions pris dans une danse cosmique orchestrée par les forces mystérieuses de Mapuetos. Je sens mon corps se transformer, se durcir, devenir plus fort et plus agile. Une armure légère mais résistante semble se matérialiser sur ma peau, et je sens le poids d'une épée à mon côté gauche.

Alors que je contemple mes nouvelles mains, calleuses et marquées par des années de combats que je n'ai jamais vécues, je réalise que je suis effectivement devenu un Homoioi, un égal, un guerrier spartiate dans toute sa splendeur, aux yeux verts, aux yeux bleus. La question qui me traverse l'esprit n'est pas tant comment mais pourquoi . Naoki Seraf, maintenant mi-homme mi-corbeau, se redresse. Ses yeux, toujours humains mais dotés d'une nouvelle acuité, me fixent avec une intensité troublante. Sa voix, un mélange de craillement et de paroles humaines, résonne dans l'air chargé de magie : Guerrier spartiate, vous qui connaissez les chemins de Mapuetos, notre rencontre n'est pas fortuite. Le destin nous a transformés pour une raison. Peut-être sommes-nous appelés à être les gardiens de ce lieu où les réalités s'entrechoquent ?

Je sens le poids de la responsabilité peser sur mes épaules nouvellement musclées, les muscles me blessent, le sang.. Les mots sortent de ma bouche, empreints d'une sagesse, la mienne, ma voix : Naoki Seraf, notre transformation n'est que le début. Mapuetos nous a choisi pour une tâche plus grande que nous-mêmes. Nous devons naviguer entre les horreurs humaines et les merveilles de ce lieu, maintenir l'équilibre entre les mondes qui se croisent ici. Les corbeaux qui s'étaient jetés sur Naoki Seraf forment maintenant un cercle autour de nous, comme pour sceller notre pacte avec ce lieu mystique. Après une première hésitation, un rejet sans doute, je tends la main vers cet hybride, ressentant une connexion profonde qui transcende nos formes physiques. 

Ensemble , dis-je, nous allons explorer les secrets de Mapuetos. Nous serons les témoins de l'histoire qui se fait et se défait, les gardiens des rêves et des cauchemars qui prennent vie ici. Naoki Seraf hoche la tête, ses plumes brillant d'un éclat surnaturel dans la pénombre de la forêt. Nous nous tournons vers le chemin qui mène au cœur de Mapuetos, prêts à affronter les défis qui nous attendent. Le volcan Imyriacht gronde au loin, comme pour nous rappeler la nature imprévisible et dangereuse de notre quête. Alors que nous faisons nos premiers pas sur ce nouveau chemin, je ne peux m'empêcher de me demander : est-ce là un nouveau rêve, ou avons-nous franchi le seuil d'une réalité dont nous ne soupçonnions même pas l'existence ? Nous marchons à reculons, c’est bizarre, voilà ce nouveau territoire. 

La transformation de Naoki Seraf se poursuit, il devient complètement corbeau, il s’envole puis revient et se pose sur mon épaule, oeil attentif, aile qui protège, il me dit :  c'était peut-être vous que je cherchais. Le voyage commence et le voyage est déjà terminé. 

Il s’envole et disparaît sans plus jamais revenir. 


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Bio

Âgé de 25 ans et né à Lyon (France), je suis auteur interprète. Texte poétique français aux pulsations tamisées avec une voix tantôt velours tantôt légère. Je m'inscris dans un style musical electro dark-pop.

Androgyne de naissance, le genre est une liberté sans fin pour moi et est devenu un atout et surtout une liberté artistique, tantôt homme tantôt femme, après tout ce n'est qu'un détail.

Basé aujourd'hui dans la ville de Toulon (France) je poursuis ma démarche artistique avec un album qui devrait sortir très prochainement ainsi que d'autres clips.

Précisions d’usage 
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com

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