Patrick Guéguen

Patrick Guéguen

Le portrait onirique de Patrick Guéguen

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Vous êtes un ascète, n'est-ce pas ? Je veux dire : vous faites des exercices de pénitence ? Ma tête en bas repose dans le creux des paumes de mes mains, coudes écartés, pieds en l'air, faux ongles peinturlurés. Ce matin, j'ai décidé de me remettre au yoga, depuis quelques semaines je ne ressens plus rien, pas un seul lien avec l'invisible, plus de sensation avec la poésie, un jour, je me suis même réveillé en me disant que Mapuetos n'existait probablement pas, que ce n'était que ma propre folie qui s'inventait des mondes pour ne plus s'ennuyer. J'ai été voir un médecin généraliste qui m'a dit que je devais faire du sport mais la piscine est trop grande, la plage trop loin, je suis arrivé ici avec mon vélo, entre les ruines, la peur au ventre de me faire brûler. Je ne connais pas l'homme qui me pose la question. Il est à vélo, la musette autour du cou, une dame arrive aussi sur un autre vélo. Je ne lui réponds pas, tout passe très vite, il me pose une deuxième question ou peut-être la même, je n'entends rien, je ne vois que ses lèvres bouger. Je comprends très vite que l'homme est avec sa grand-mère, qu'ils sont dans un rêve mais que je suis moi-même dans la réalité. Ou le contraire.

J'entends des cloches au loin, toujours tête en bas, l'odeur de l'herbe change, il fait sombre, la nuit tombe sans doute. Je me suis juré de rester dans cette position pour retrouver le lien qui s'est brisé. L'homme se présente : je m'appelle Patrick Guéguen, je peins la vie en couleur. Vous êtes yogi ? Je l'observe sans répondre, la femme s'en va. Je ferme les yeux et je les vois pédaler sur une longue ligne droite bordant la mer. Je les vois vouloir tourner vers la droite, mais il n'y a pas de route, impossible de bifurquer. Il pleut maintenant, légèrement, quelques gouttes sur l'herbe, une goutte est tombée sur mon visage, une larme à l'envers, j'ouvre l’œil, j'esquisse un sourire. Je parle enfin : allez-vous donner un bain chaud à votre grand-mère ? Il déplie le billet qu'il a entre ses doigts. Le billet que lui a donné un cafetier sur la route est vierge. Je lui dis : bain chaud, dans ce cas-ci, a une autre signification. Vous devriez prendre un bain chaud à sa place, et plonger la tête sous l'eau, les images qui apparaîtront face à vous, seront les morceaux manquants du puzzle familial. Je lui remémore une phrase de Rousseau : je voudrais que cet instant durât toujours ; et comment peut-on appeler bonheur, un état fugitif qui nous laisse encore le cœur inquiet et vide, qui nous fait regretter quelque chose avant, ou désirer encore quelque chose après ? Ça vous parle ?

Je n'avais pas remarqué les énormes fromages plus loin dans le champ de ruines fumantes ni les meules de différentes tailles en grande quantité. L'image est en noir et blanc, sauf les meules dont les couleurs blanc, blanc cassé, ocre clair, créent un contraste avec les ruines fumantes d'une couleur noire-violette. Vous ressemblez beaucoup à un écrivain que j'ai portraituré dernièrement, …. Patrick Lowie, vous connaissez ?

Je lui dis que je ne le connais pas. Je referme les yeux, je vois sa grand-mère lui montrer une photo avec des pendus dans une revue. Ils disparaissent. Toujours la tête en bas, des fourmis entrent dans mon nez, je ne bouge pas, ils sortent par mes yeux. Il faut aimer la nature, nous sommes la nature.

Patrick Guéguen revient avec toutes ses œuvres et me dit : je sais que c'est vous. Je vous ai apporté mon atelier. Toujours en position de yogi borné, je l'observe placé ses tableaux et dessins colorés et colorés, comme je les aime, autour de moi, comme s'il suffisait de méditer pour voir le monde changer. Je ferme les yeux encore et je vois le peintre retrouver sa grand-mère, je les vois tous deux pédaler avec des ombrelles jusqu'aux moulins des âmes retrouvées.


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Bio

C'est vers l'âge de 11 ans que je débute l'apprentissage de la peinture à l'huile, initié par un professeur de dessin de l'établissement où je suis pensionnaire. Immédiatement passionné par l'art, je veux déjà devenir peintre. Cependant, je dois reconnaître qu'en tant que gaucher contrarié, je ne suis guère doué pour le dessin. Par contre, je suis à l'aise avec les couleurs et plein d'élan pour tenter de nombreuses expériences picturales. Ma main gauche est solide et malhabile, ma main droite habile mais sans assurance. Il faudra faire avec. Le temps a passé, la passion ne s'est jamais envolée, ni pour la peinture, ni pour l'histoire de l'art. Je dois également porter à votre connaissance, une rencontre importante en 1990 chez un ami commun à Menton avec le peintre indien Sayed Haider Raza et sa femme Jeanine Mongillat. Ce dernier devient un point de référence après nos échanges sur la peinture. Bien sûr, trop jeune à l'époque, c'est seulement des années plus tard que j'ai compris l'importance des propos de Raza. Aujourd'hui mon travail ne les a pas oublié.

Précisions d’usage 
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com

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