Faouzi Haissoufi

Faouzi Haissoufi

Le portrait onirique de Faouzi Haissoufi

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Dans un rêve, Faouzi Haissoufi, mon neveu préféré, s’approche de moi, enlève son masque et me dit : Toto Patrick, j’ai rêvé que je me suis réveillé et qu’il y avait des cancers sur les murs et que les cancers m’attaquaient, le mur était rouge et noir. Je crois que je me suis échappé, je crois que j’ai couru, je ne sais plus, j’étais à la maison, je suis sorti de la maison mais les cancers continuaient à me suivre dans la rue. Je lui demande s’il était sûr que c’était des cancers, c’était peut-être juste des pac-gommes, dans le rêve il était peut-être devenu ce petit personnage rond que quelqu’un dirige à travers un labyrinthe en mangeant des pac-gommes tout en évitant les fantômes. Il me regarde et me dit : non, c’était des cancers, puis qui pourrait me diriger ? Je sais où je vais, je sais ce que je fais, je connais mes rêves, laisse-moi rêver en paix. Je tente de l'apaiser en lui disant que, de toute façon, les cancers disparaissent toujours comme le vent, comme les nuages sombres qui nous empêchent parfois de vivre et de rêver pleinement. Je le prends par la main et je lui dis avec douceur : Viens ! On va chasser ces petits cancers, on va les vaincre !

Il avait raison, sur les murs de sa chambre, de gros méchants cancers grossissent et grossissent et s’amusent à se faire exploser créant des taches rouges et vertes sur les murs. Je passe délicatement la main droite sur la surface du mur puis sur le front de Faouzi, puis sur sa tête et d’un coup, plus aucune présence de cancer. Tout est parti comme par enchantement. Je lui dis : voilà, c’est mon cadeau d’anniversaire, ils ne reviendront plus jamais, je te le promets. On part à la fête ? On va fêter tes onze ans ?  Tu sais que onze ans c’est important, c’est un chiffre fort. C’est la clé de l’inconnu. Quand on a onze ans, on commence à avoir accès à des réalités qui dépassent la perception ordinaire. On commence à devenir maître de soi, on trouve l’équilibre entre le physique et le spirituel, on arrête de dire des bêtises, on devient homme ou femme, on commence à avoir le courage d’affronter les ombres intérieures. 

Les yeux de Faouzi s'illuminent d'une lueur nouvelle, comme s'il venait de découvrir un trésor enfoui au plus profond de son être. Il hoche la tête, comprenant soudain la portée symbolique de cet âge charnière. Ensemble, main dans la main, nous quittons sa chambre, laissant derrière nous les ombres du passé pour embrasser un avenir rempli de promesses et de défis à relever. Ce jour marque le début d'une nouvelle étape, celle où l'enfant cède la place à l'adulte en devenir, prêt à explorer les mystères de la vie avec un regard neuf et un cœur ouvert. Nous sortons de la maison, une lumière forte, d’un soleil en pleine forme, nous indique le nouveau chemin. Je lui dis : nous partons dans un endroit que tu connais bien, mais avant tout, j’aimerais te réciter cette histoire, ce n’est pas la première fois que je le fais, mais tu as peut-être oublié. 


conte

Il était une fois, dans un endroit que personne ne connaît, qui existe mais qui n'existe peut-être pas, un petit garçon qui avait presque cinq ans. Ce petit garçon s'appelait Faouzi. On racontait que c'était le fils de Robin des Bois et de Pétoncule. Faouzi aimait aussi tirer à l'arc à flèche et il aimait courir avec son tonton, avec moi donc, jusqu'au grand arbre au fond du jardin où nous disions tous les deux : Bonjour Monsieur l'arbre ! ou Bonjour Madame l'arbre. Parce qu'on ne savait pas si l'arbre était une Madame ou un Monsieur. L'arbre était tellement grand qu'il touchait le ciel, et la nuit l'arbre touchait les étoiles. 


Un jour, comme beaucoup d'autres jours, Faouzi et son tonton, qu'il appelait Toto, se sont mis à courir jusqu'au fond du jardin pour dire bonjour au grand arbre. Sauf que bizarrement il y avait sur le tronc de l'arbre plusieurs marches. Faouzi dit : Toto ! C'est quoi ces marches ? Tu crois qu'on peut monter ? Franchement, je ne savais pas trop quoi lui répondre. Et très vite, comme si j'étais devenu un enfant de cinq ans, je lui ai dit : Allons-y ! On ne va rien dire à personne et on va monter tout en haut de l'arbre. 


Il y avait beaucoup de marches, 5, 10, 100, 1000,… on est monté, monté, monté, monté, monté…. Faouzi commençait à se fatiguer. C'est vrai qu'on était tellement haut qu'on ne voyait plus la maison, ni le jardin, en fait, on ne voyait plus rien. 


Depuis qu'il est bébé, j'utilisais un truc pour que Faouzi aille dans son lit rapidement et qu'il monte très vite les marches de l'escalier de la maison. Je faisais le tigre. Je rugissais comme un tigre … il avait toujours très peur, il pensait que j'étais vraiment un tigre. Je rugis encore. Beaucoup d'enfants et d'adultes ont peur du tigre, mais le tigre est un animal plein d'énergie, optimiste, il va toujours de l'avant, ne s'arrête jamais et lorsqu'il a pris une décision, il va jusqu'au bout. Le tigre adore les changements, partir dans des chemins inconnus. Dès qu'il voit un chemin qu'il ne connaît pas, le tigre devient très heureux. Bref, j'ai continué à faire le tigre, je rugis encore et encore et Faouzi a vraiment eu très peur. Il a couru le plus vite possible jusqu'au plus haut du plus haut de l'arbre. L'arbre touchait vraiment les étoiles. 


Arrête Toto ! Arrête Toto ! crie Faouzi. Tu me fais peur maintenant ! Il se jette dans mes bras. Je lui dis : tu devrais apprendre à faire le tigre. Vas-y fais le tigre. Et Faouzi fait le tigreau.  Il rugit. Non Faouzi, plus fort. Il rugit de plus belle. 


Faouzi se demande alors où nous sommes : on est où Toto ? Je lui explique que je pense qu'on est sur une autre planète ou peut-être sommes-nous accrochés à une étoile. On va redescendre ? J'ai un peu peur ! … Sauf qu'en regardant sous nos pieds, on se rend compte que les marches ont disparu. Sans marche on ne peut pas descendre. Regarde Toto, des étoiles filantes !  Il prend son arc et avec ses flèches essaie d'attraper les étoiles filantes. 


On saute d'une étoile à une autre, et là on voit un panneau, c'est une ville que je ne connaissais pas : MAPUETOS. Il y avait beaucoup de couleurs : bleu, rouge, vert, jaune… c'était incroyable. Il y avait même un très grand œil qui nous regardait. Ohhh Toto ! Regarde comme c'est beau. J'ai l'impression que les couleurs entrent dans mes doigts, dans mes pieds, dans mon corps… ohhh je me sens plus calme qu'avant… ohhhh c'est bizarre… écoute, je dois te dire quelque chose. Et le petit Faouzi murmure quelque chose dans mon oreille que j'entends mais que je ne peux pas dire à tout le monde. 


Soudain, Faouzi se réveille, il venait de faire un rêve incroyable. Un rêve plein de couleurs. Il se lève rapidement et va regarder l'arbre dans le jardin. Le grand arbre est là, mais pas les marches. En haut de l'arbre, il voit son Toto transformé en vrai tigre. Faouzi comprend vite que son oncle n'est pas encore réveillé et qu'il continue à rêver. Il entre dans ma chambre et me réveille en faisant beaucoup de bruit : il rugit. 


Faouzi me regarde et me dit : on retourne dans l’arbre, c’est ça ? Je lui dis : nous n’habitons plus au même endroit, on va y aller dès que le soleil se couche pour ne pas être vu. Le soleil se couche, on traverse les routes et les champs et on tombe nez à nez face à l’ancienne maison habitée par des inconnus. Même si je n’ai jamais aimé cette maison hantée, la revoir ainsi, me crispe, me rend nerveux. Je lui dis viens Faouzi, on va passer par la maison voisine, traverser le jardin des serpents et crocodiles, creuser un trou à hauteur des citronniers et on arrivera juste devant notre arbre. Faouzi me dit qu’il a peur mais qu’il a confiance en moi. Tout s’est parfaitement déroulé suivant mon plan. Arrivés sous notre arbre, on regarde avec nostalgie les lumières dans la maison occupée par d’autres humains. On monte dans l’arbre ? Je lui dis que non. On va faire mieux que ça : je prends l’arbre, je le plie comme pour en faire un kirigami, et je le mets dans ma poche . Faouzi me regarde avec des yeux éberlués. T’es plus fort qu’Harry Potter, toi. Je ris aux éclats et dis : Harry Potter est un magicien de pacotille, inventé par une femme qui ne sait pas écrire. Et je ris encore. Je pensais que je découvrirais plusieurs entrées pour aller à Mapuetos mais je n’ai pu y aller qu’une seule fois, avec toi, grâce à cet arbre.  

Je prends un ton plus solennel : Monsieur Faouzi Haissoufi, voici ma baguette magique, et l’arbre plié, je vous transmets toutes les forces invisibles de la famille, vous avez, dès aujourd’hui, la responsabilité de notre arbre, vous avez toutes les qualités pour y arriver et vous allez devenir un homme plein de talents. Alors, un conseil : n’écoutez pas les imbéciles (comme j’ai trop souvent eu la faiblesse de faire), détachez-vous des monstres et des cancers, traversez les miroirs et les forêts, devenez maître de vous-même et force inviolable. Regardez le temps passer, minute par minute. Essayez de le vivre et de l’aimer. La vie peut-être courte pour certains et trop longue pour d’autres, ne pensez pas à ce temps-là. L’arbre vous aidera à définir vos objectifs. Restez maître. Soyez le tigre, sans oublier que le tigre symbolise la puissance et la force. Vous êtes guérisseur. 

Le jeune homme aux beaux cheveux longs remet son masque un instant, puis l’enlève et le jette à la poubelle tout en me faisant un clin d'oeil.


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Bio

Faouzi Haissoufi, né le 12 juin 2013 à Bruxelles, est le fils de Laetitia Lowie et d'Akram Haissoufi.

Précisions d’usage 
Ce portrait est un portrait onirique basé sur un rêve, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie. Erreurs de syntaxe, d'orthographe ou coquilles... faites-nous part de vos remarques à mapuetos@mapuetos.com

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