Guillaume Jobin m’accueille : Cher Patrick Lowie, soyez le bienvenu à
Paris.
J’étais à peine sorti de l’aéroport CDG, il m’attendait dans une
Citroën DS, le chauffeur, Le Bedeau, coiffé de sa casquette, la paire
de gants couvrant les mains, et la fine cravate, le travestissement
adéquat pour les enterrements de vie de garçon. Sauf que nous
allions simplement au Salon du Livre
, que son invitation me
parut mystérieuse et qu’il avait le teint bleuâtre. J’ai couru toute la
matinée, je me prépare pour le marathon. Un petit verre ?
Même
si mon abstémisme n’atteint plus les 100 %, je ne bois que dans de
grands moments de bonheur ou de grands moments de pessimisme.
Mais ma réponse a été différente : vous savez que les prêtres ont
le pouvoir, en prononçant la formule « hic est enim calix sanguinis
mei », de transformer le vin en sang.
Cette idée de sang m’insupporte.
Guillaume Jobin est auteur de trois livres : « Route des Zaërs »,
« Lyautey, le Résident » et « Mohamed V, le Sultan », fondateur de
la maison d’édition Casa-Express, et président de l’École supérieure
de journalisme de Paris. Je dois avouer que quelque chose dans son
regard m’intriguait et qu’un pli dans son cou était mal raccordé.
Il enlève subitement son masque et me dit Fantômas qui êtes aux
cieux, sauvez la poésie !
C’était le chauffeur. Du coup, je regarde le
chauffeur qui enlève lui aussi son masque, c’était Guillaume Jobin ! Je
les regarde tous les deux : Je n’ai pas très bien compris votre petit jeu.
Et l’éditeur au volant de répondre : Ils sont tous à mes trousses
depuis que j’ai écrit ce roman d’espionnage et avec le nouveau qui va sortir dans quelques mois, ça ne va pas s’arranger !
Les bouches des
masques mous bleutés de Fantômas-Jobin et du chauffeur déposés
sur le siège avant semblent se mouvoir toutes seules. Complot
ou complotite ?
J’ai le désir d’appeler Guillaume Jobin mon petit-
fantômas terme conventionnellement hypocoristique mais je n’en
ai rien fait. Il arrête la voiture devant l’entrée du Salon du Livre
où
des hommes musclés, barbares contemporains enfants de la
pègre des bas-fonds parisiens, font la file pour acheter leur billet.
Nous dépassons tout le monde. Je suis étonné que les amateurs
de livres soient si musclés,
hurle Guillaume Jobin. Le contrôleur,
l’inspecteur Juve, nous invite à entrer par l’autre porte mais mon
petit-fantômas qui avait gardé son maillot de gymnaste et sa cape
noire sur les épaules a été très convaincant lorsqu’il a dit : je connais
le code, et le passage secret.
À l’intérieur, j’ai très vite compris que
nous étions au Salon Body Fitness
et non au Salon du Livre
adjacent. Il n’y a pas beaucoup de livres cette année !
s’exclame-t-il en passant
devant une femme, La Toulouche, en pleine démonstration de
Bowka. Il ramasse un papier plié en quatre convaincu d’avoir trouvé
un trésor. Il déplie le document qui se trouve n’être que la page 555
du dictionnaire où apparaît le mot gematria.
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Guillaume Jobin, né le 16 novembre 1958 à Sainte-Adresse (Seine Maritime), est un écrivain français et dirigeant d’un établissement d’enseignement supérieur. Issu d'une famille du Havre négociants en café depuis le XIXe siècle, Guillaume Jobin est diplômé du certificat de psychologie médicale (université Paris V) en 1982, docteur en médecine de l’Université de Rouen (1984), sa thèse porte sur « Café, caféine et santé », puis diplômé du MBA d’HEC en 1986. Directeur général de l’École supérieure de journalisme de Paris de 2006 à 2008, puis président du conseil d’administration. Il est également directeur de la maison d'édition CASA-EXPRESS.